Nos enfants auraient dû être des avions…

Salut Laurent. C’est papa. Ce matin, tu es parti à ton école secondaire. Tu as salué le chauffeur comme tu fais d’habitude. Tu as pris le chemin de l’école le coeur léger. En fait j’imagine que c’est le coeur léger !

Tout ça, c’est un peu grâce à moi, à maman Sophie, à tes grands-parents, tes oncles, tes tantes et un nombre incroyable de citoyens et de citoyennes qui paient un impôt sur le revenu.

Ton éducation, tes services, tes soins, tes disques et tes livres, je « paye ça avec mes taxes ».

On a de la chance que le système, jusqu’à présent, a été juste avec toi. Cependant il y en a d’autres qui luttent bien plus que nous. Patrick Lagacé le démontre d’ailleurs dans cet article aussi beau que scandaleux. Aussi inspirant qu’affreux.

Mes « luttes » avec le secrétariat du département de chirurgie plastique pour que ce soit la docteure Bortolozzi qui examine ta main droite qu’elle a soignée quelques semaines après ta naissance ? Les « colères » de maman au Centre Marie-Enfant parce que l’orthophoniste insistait pour prendre une direction qui n’était pas la tienne ? C’est de la petite bière comparativement à ce que les parents de « Jeanne » (nom fictif) doivent endurer.

Son papa, sa maman et nous, tes parents, avons plusieurs choses en commun. Ensemble nous payons de l’impôt sur le revenu pour que « Jeanne », mais aussi toi et combien d’autres enfants aient des soins, de l’attention, une éducation, tout le reste.

On paie, mais ce n’est pas facile.

Ce coéfficient de difficulté n’est pas normal.

Toi, tu ne le vois pas.

Tu montes dans ton autobus, tu vois ton professeur, ton accompagnatrice, ta psychologue, ceux et celles qui cuisinent ton poulet cacciatore (que tu dis si bien avec un accent italien qui ne trahit aucunement tes origines québécoises), tes amis, ton infirmière (au besoin) puis tu reviens à la maison, tu prends ta collation, tu réponds à la question quizz que ta grand-maman t’a envoyée à ton compte courriel et tu étudies un peu avant le rituel du repas, de la soirée, de la douche, des médicaments (gouttes pour les yeux) et du dodo.

Nous, tes parents, nous veillons au grain. Nous nous assurons que ta vie soit la plus belle possible. Que tu sois considéré comme une personne, comme un être humain, le plus « souvent » possible.

Et c’est comme ça pour les dyspraxiques, les Tourettistes, les TDAïstes, les TDAHïstes, les Downistes (syndrôme de Down), ceux et celles qui ont une paralysie cérébrales, les handicapés physiques et j’en passe beaucoup.

Tout ce melting-pot a besoin

Parfois, je me demande si vous n’auriez pas fallu que vous soyiez des avions ou du pétrole. Le gouvernement du Québec est fou des avions et du pétrole. Il n’attend jamais l’échéance de son terme pour s’en occuper. Regarde Philippe Couillard, le premier ministre du Québec, qui s’empresse à donner des milliards à Bombardier, une entreprise dont ses dirigeants sont incapables de diriger, justement…

De faire ce pourquoi ils ont été diplômés finalement !

À eux, on leur donne le bon Dieu sans confession et l’enveloppe bourrée de fric sans contrôler quoi que ce soit. Et ça se donne des augmentations de salaire !

Aux autres, on érige un mur de méfiance. Combien de parents d’autistes doivent démontrer chaque année que leur enfant « est encore » autiste, preuve à l’appui, comme si c’était une maladie qui peut se guérir ! Attention, certains pensent que c’est vrai. Il y a même des sites web aux États-Unis qui parlent d’épidémie d’autisme… He boy !

Je ne paie pas de l’impôt pour me faire dire « deux ans d’attente et quand il sera adulte, on le mettra sur une autre liste d’attente ».

Je ne paie pas de l’impôt pour me faire dire « ça coûte cher, vous savez, une classe spécialisée pour TSA ».

Je ne paie surtout pas de l’impôt pour me faire dire « le gouvernement n’interviendra pas dans le dossier des augmentations de salaires des dirigeants de Bombardier ».

Allez hop ! Viens-t’en, on s’en va au Dairy Queen. Un petit Blizzard aux morceaux de Crispy Crunch, ce n’est pas bon pour la ligne. Pour le moral, cependant… Infaillible !