Lettre envoyée à La Presse mais qui n’a pas été retenue pour publication
Et c’est parti pour un autre mois d’avril consacré à la sensibilisation de l’autisme ! Bien entendu, c’est une cause qui me tient particulièrement à cœur puisque Laurent, mon fils de 17 ans, est autiste.
Pour la famille que je forme avec mon épouse Sophie et notre garçon, chaque jour est un « mois de l’autisme ». Chaque jour donc est consacré à Laurent et à son acceptation dans la société. Nous cheminons bon an mal an dans ce fameux spectre avec des inquiétudes, certes, mais aussi une bonne dose d’espoir puisque beaucoup de progrès a été accompli au Québec en la matière, bien qu’il reste encore beaucoup à faire :
-Les campagnes de financement « Différent comme toi » de la Fondation Véro et Louis, qui construit des milieux de vie bienveillants et sécuritaires pour des autistes de 21 ans et plus, sont plus populaires que jamais.
-Les capsules du Monde de Benjamin, par Mathieu Gratton et son fils Benjamin, aident non seulement à dédramatiser l’autisme mais aussi à faire réaliser au public que les autistes possèdent des forces. Ces dernières ont justement contribué aux succès de plusieurs entreprises comme le café Chez Cheval, le groupe TAQ ou Auticonsult, pour ne nommer que celles-là. Alors que seulement 10 à 15% des adultes dans le spectre de l’autisme parviennent à se trouver un emploi et à le garder, les PME qui font la différence (et qui l’acceptent aussi) donnent raison à cette célèbre phrase de Dédé Fortin : « passe-moi la puck pis j’vais en compter des buts ».
-Les docu-réalités Autiste bientôt majeur et Autiste maintenant majeur ont permis à la population québécoise de mieux saisir tous les enjeux reliés à l’autisme, certes, mais surtout de découvrir et d’apprécier qui sont ces autistes verbaux ou non-verbaux, quels sont leurs rêves, leurs aspirations, leurs craintes face à la société, etc.
-Tout cela a inspiré Charles Lafortune et Sophie Prégent, instigateurs de la série, à mettre sur pied la Fondation Autiste et majeur, qui donnera un sacré coup de pouce à divers projets donnant espoir aux autistes adultes d’évoluer avec respect et dignité dans la société, via des programmes adaptés à leur réalité et leurs capacités d’apprendre. L’agrandissement de l’école Giant Steps, appelée à devenir le Harvard de l’autisme, et que la Fondation appuiera, est un pas énorme et vital dans cette direction.
Ce sont des nouvelles très encourageantes pour les autistes adultes et les « presque adultes ». Mais il faut continuer. On ne peut baisser les bras : on naît autiste, on vit autiste, on meurt autiste et entre-temps, nous voulons démontrer que nous sommes utiles, non seulement à la société, mais aussi à l’État québécois.
Par exemple, Laurent veut pratiquer un métier noble : boulanger. Je ne peux qu’applaudir et l’encourager à atteindre son objectif. Nourrir le Québec constitue beaucoup de noblesse au kilo ! Nous nous démenons pour lui afin qu’il réalise son rêve et qu’il ouvre sa boulangerie qui emploiera, comme il le dit si bien, des autistes comme lui.
J’aimerais donc que durant tout le mois de l’autisme et tous ceux qui suivront, l’on prenne conscience qu’être inclus dans la société signifie beaucoup et que les autistes un avenir et ce, même après 21 ans. Non, ils ne sont pas un fardeau. En Suède, ils l’ont compris puisque les autistes font partie intégrante de la société, peu importe leur âge ou leur condition, tout au long de leur vie. Le Québec devrait certainement s’en inspirer.
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