L’autisme au temps de #BlackLivesMatter

Le meurtre de Georges Floyd par un policier de Minneapolis me remplit d’une rage qui s’empile sur toutes les rages qui couvent en moi depuis sans doute trop longtemps. C’est que depuis que nous avons reçu le diagnostic d’autisme de notre fils, je vois l’intolérance d’un tout autre oeil. Juger quelqu’un d’inférieur en raison de la couleur de sa peau, de son orientation sexuelle, de son poids, de son état mental ou ses capacités neurodéveloppementales ne fait définitivement pas partie de mes valeurs. Discriminer tous ces gens pour garder un « cadre normal » dans lequel les « normaux » peuvent évoluer, cela me répugne férocement.

On a laissé des miliciens occuper des Capitoles au Michigan et ailleurs aux États-Unis sans intervention musclée de la police. Des miliciens armés jusqu’aux dents. Investir un Capitole qui est le centre politique d’un État, donc le centre politique de la démocratie, avec des mitraillettes, Par contre, on se permet de s’agenouiller neuf minutes sur un Noir pour clairement l’étouffer. Comme on s’est permis de tuer Alain Magloire parce que face un type de race noire qui souffre de problèmes mentaux, la seule solution pour y mettre fin c’est de l’abattre.

Dans le département TSA de Laurent, il y a des élèves de race noire. Dans la classe de mon fils, il y a son amie Naïma, elle aussi de race noire. J’ai souvent très peur pour eux, surtout lorsqu’ils prennent les transports en commun. Il est déjà arrivé au fils d’un de mes amis d’avoir été signalé à la police par un membre du personnel de la STM parce que son comportement paraissait louche. Effectivement, un autiste qui bouge souvent des bras et qui se parle, c’est très louche… La personne qui l’a signalée croyait qu’il se droguait. Oh! Le bon samaritain que celui-là! Il arrive à Laurent d’avoir un comportement quelque peu « hors norme », c’est-à-dire comme l’enfant de cet ami. On peut le voir dans la docu-réalité Autiste bientôt majeur, lorsqu’il se met à courir de peur de manquer son autobus. Lorsque ça carte Opus ne fonctionne pas bien, il peut se choquer à la manière du Capitaine Haddock… avec des répliques tirées de certaines BD de Tintin. On doit faire attention parce qu’un agent du métro ou un employé de la STM pourrait décoder le tout pour un comportement déplacé. Mais Laurent et son ami sont de race blanche. Qui plus est, il est verbal, donc peut parvenir à s’expliquer, en espérant que le flic qui est devant lui n’est pas trop zélé. J’ose pas imaginer si c’était un autiste de race noire… Ou autiste non-verbal de race noire…

Il y a des inégalités partout. Pour un jeune noir ou maghrébin qui est handicapé, autiste ou DI, ça peut être bien pire. Est-ce que la police est réellement bien formée pour faire face à un autiste en crise ? Serait-elle plus tolérante si l’autiste devant elle n’est pas caucasien ? Nous allons devoir réfléchir à ça aussi.