Notre plus grand ennemi à l’intérieur de la maison demeure l’anxiété.
L’anxiété de savoir dans combien de temps tout sera fini. Chaque jour, Laurent doit se renseigner sur la question. Chaque jour, une certaine panique lorsqu’il voit les statistiques défiler et sa question quotidienne : quand est-ce que je vais pouvoir revoir mes grands-parents ? Ce matin, il s’est essayé avec un mensonge pieux : « tu sais ce que François Legault a dit ? Il nous permet d’aller voir nos grands-parents à Sainte-Adèle ».
La certitude du « je le sais pas », il ne la saisit pas. Ce pourquoi il se doit de regarder les points de presse. Je suis « pogné » à regarder celui de Justin Trudeau qui répète toujours les mêmes choses jour après jour.
Je suis anxieux de savoir si je fais les bonnes choses pour que ma famille soit en sécurité. Oui, j’ai en masse de rouleaux de papier de toilette pour passer au travers de la pandémie. De toute manière, à ce sujet, j’utilise un bidet. Je me demande plutôt si je respecte les crainte de mon fils vis-à-vis la COVID-19. Avec Sophie, nous réussissons à le rassurer. Nous respectons ses peurs, ainsi que ses manières de les affronter.
Je m’en fais pour ceux et celles qui ont perdu leur travail et qui doivent s’occuper d’un enfant autiste. Je comprends que « ça va bien aller », mais lorsque du jour au lendemain, vous vous retrouvez sans travail, avec un ou des enfants à besoins spécifiques, que vous cherchez à toucher l’assurance-chômage à laquelle vous avez droit mais que pour l’obtenir, vous devez vous taper une longue file d’attente, le confinement est loin d’être doux comme un bon bain chaud en fin de soirée. Que la SAQ demeure ouverte ou non devient, avec raison, le cadet de vos soucis. Vous avez une cohorte atypique à vous occuper, ce qui vous met encore plus de pression sur vos épaules que sur les autres. Et si en plus vous chopez cette foutue COVID-19, que va-t-il arriver à votre jeune autiste ? Comment parvenir à lui faire comprendre que vous avez un genou à terre… pour le moment ?
L’autre inquiétude qui me ronge est ce qui se trame chez nos voisins du sud. De plus en plus de voix en provenance du Parti Républicain se demandent si ça vaut la peine de sacrifier l’économie américaine pour 2.5% de la population qui a) coûte cher et b) n’est pas productive. Ici, on parle des « vieux », des gens qui ont 70 ans et plus. Et au Québec, l’idée fait lentement son chemin, colportée par les va la gueule des radios poubelles et certains chroniqueurs. Très certainement que d’autres idiots vont ajouter les handicapés physiques ou intellectuels, les itinérants, les autistes… C’est une question de temps avant qu’un chroniqueur un peu fan aveugle de la droite libertarienne sur les bords propose ce genre de solution.
Aux États-Unis, on l’a déjà proposé. Incroyable, n’est-ce pas ! Les autistes, les handicapé.es intellectuel.les, les personnes avec le syndrome de Down pourraient devoir « se sacrifier » pour laiser des respirateurs aux malades « plus normaux ».
Des sacrifices supplémentaires pour que les « normaux » puissent continuer à vivre dans une nation économiquement forte… Une forme d’eugénisme social. Voire du nazisme « soft »… Tout cela n’est nettement pas chrétien. Assez ironique de la part d’un pays qui s’enorgueillit de sa Bible Belt… Vont-ils, un coup parti, leur ériger un monument après avoir sacrifié toutes ces vies ? Comme ça, Trump et Pence auront l’esprit tranquille !
J’espère de tout coeur qu’on n’en arrivera pas là au Québec.
Laisser un commentaire