L’autisme, solidaire de toutes les souffrances

Salut Laurent

Savais-tu que tu étais une tendance ? Ce n’est pas moi qui le pense, mais une dame dans une lettre ouverte parue récemment dans La Presse +. Tu ne l’as pas lu ? Personnellement, cette lettre ressemble à toutes les lettres de parents qui soutiennent leur enfant « différent » et qui dénoncent le manque d’empathie de la bureaucratie envers eux. Une lettre que j’aurais très bien pu écrire, ou un parent d’enfant Tourette, ou dyspraxique, ou trisomique. Une lettre qui, comme toutes ces lettres, émeut seulement ceux et celles qui doivent composer quotidiennement avec la « différence ». Par contre, ne compte pas sur le gouvernement pour encore verser une larme. Disons qu’on a déjà donné en la matière. Je me comprends.

Le nom de la dame ? Je savais que tu me poserais la question, Laurent. Ça ne vaut pas la peine. Mais je peux te dire qu’elle est comme maman, comme les mamans que tu connais, comme les mamans que tu ne connais pas : lorsqu’il y a une injustice quelque part, elles sortent les griffes et les personnes responsables n’ont qu’à bien se tenir.

Dommage que certaines vedettes ne soient pas épargnées…

Oui Laurent, la dame semble déçue que certaines vedettes profitent de leur autisme pour se faire du capital sympathie, du moins c’est ainsi que je l’ai compris. Qui ? Louis T et Greta Thunberg, notamment. Non Laurent, la dame n’emploie pas un ton méchant. Elle a du mal à comprendre pourquoi tous les projecteurs sont braqués sur eux alors que personne dans les médias ou dans la sphère politique ne semble s’intéresser au syndrome de l’X fragile et ce que cela peut provoquer chez un enfant. Son garçon de 17 ans a une déficience intellectuelle à cause de l’X fragile, justement. C’est ce que je semble avoir saisi. Peut-être voudrait-elle m’expliquer davantage ? Oui, j’aimerais bien. Sa cause est la mienne. Elle a toute l’attention de la communauté autiste qui est beaucoup plus solidaire que certains et certaines veulent bien le croire.

Elle trouve aussi que l’autisme est « tendance » et cela me dérange. Pourquoi ? Parce que toi aussi, en quelque sorte, tu as bénéficié des mêmes projecteurs que Louis T. Tout comme lui, tu as pu sensibiliser la population québécoise sur ton état d’autiste et ta vie atypique dans le « Club Spectre », un tout-inclus pas comme les autres comprenant une foule d’activités comme ergothérapie et orthophonie, des jeux désopilants comme la chasse à l’autonomie et plein d’autres trucs désopilants. Comment ? À travers Autiste, bientôt majeur. Chaque semaine, avec tes nouveaux amis et amies, tu as montré que l’autisme est loin d’être un super pouvoir. Autrement, tu aurais réussi à faire apparaître une myriade de services pour les autistes de plus de 21 ans qui font face à rien parce qu’à partir de cet âge, il n’y a plus rien. Ce n’est pas tout : grâce à la série, de nombreux parents d’enfants DI, Tourette, dyspraxiques, dyslexiques pour ne nommer que ceux-là, se sont reconnus en nous et ça, nous en sommes très fiers.

Il faut être solidaire de tout le monde, car nous faisons tous face à la machine avec les mêmes frustrations, les mêmes défaites, les mêmes victoires aussi. Il faut se serrer les coudes. Être solidaire de tout le monde, être solidaire entre nous.

Or, lorsqu’on décoche une flèche à l’endroit d’une autre pour faire valoir son point, c’est là que je ne joue plus. Quand tu es rendu à rentrer dans le kayak de Guylaine Guay- sans la nommer mais on sait que c’est elle, en connais-tu d’autres vedettes qui sont la marraine ou le parrain d’un projet d’habitation pour autistes au Québec- pour faire valoir un point de vue, je trouve qu’il y a un problème. C’est de la fausse solidarité.

Nous mettrons cela sur le compte de la colère, Laurent. Une colère que je connais bien lorsque ta mère et moi faisons face au Système pour prendre ta défense. Une colère qu’il ne faut pas juger, bien sûr. Quand on est en colère, quand on en a jusque là, on pense des choses qu’on ne devrait peut-être pas. Par contre, Guylaine Guay ne méritait pas ça.

Pour tout le reste, Laurent, il faut se serrer les coudes ensemble. On nous exclut de cette société qui carbure trop à l’excellence. On nous exclut petit à petit d’un système scolaire public pour nous stationner sans se poser de questions dans des programmes « entièrement faits pour nous » comme la FPT et la FMS. C’est sans doute bon pour certains et certaines. Pour d’autres non. Mais les commissions scolaires ne sont pas d’accord. Se battre. Monter aux créneaux. Se battre. Toujours. Il faut se serrer les coudes. Ces temps-ci, il y a trop de tensions. Si seulement François Legault n’avait pas fait son faraud à l’Assemblée nationale, on ne serait pas rendu là.

Finalement je change d’idée, Laurent. Cette femme s’appelle Marie-Cécile Ermine. C’est une bonne mère. Elle est des nôtres. Son fils s’appelle Ewen. Il a 17 ans.

P.S. : Rain Man et l’autisme n’ont aucun rapport

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