« La « joke », elle ne venait pas d’une mauvaise place. Mon intention, ce n’était pas de blesser l’enfant. Je regrette que cela ait sorti de même, a-t-il souligné. J’ai toujours essayé d’être inclusif avec mon humour et de ne pas prendre personne en pitié, mais ce bout-là n’a pas été payant pour moi. »
-Mike Ward (à Paul Arcand, dans le cadre de l’émission Conversation secrète.
L’humoriste Mike Ward est revenu sur cette affaire Jeremy Gabriel avec Paul Arcand. C’était inévitable. Avec un « adotiste » à la maison, je n’ai pas le choix de réfléchir là-dessus moi aussi. Depuis que l’histoire s’était retrouvée dans les journaux, j’ai amorcé une longue réflexion sur le sujet.
Faut-il nécessairement rire de tout le monde pour être inclusif en humour ? Par exemple, rire de Jérémy Gabriel. Je peux trouver sa musique totalement inintéressante -c’est le cas- et son propos qui m’atteint nullement. Mais m’en prendre à son handicap… c’est nullement nécessaire. Si Jérémy éprouve le besoin de rire de ce qu’il est, tant mieux pour lui. Si un humoriste se documente sur le syndrome de Treacher Collins et veut en faire un numéro, tant mieux aussi ! Or, prétendre que Jeremy Gabriel est « laitte » est-il un plus pour l’inclusion ?
Le fait de prendre personne en pitié nécessite-il de rire du physique et du handicap des autres ?
Je déteste la pitié. Mon fils est autiste, mais il ne fait pas pitié. Ça me met en colère lorsqu’on dit « pauvre Laurent, il fait donc pitié ». Laurent doit faire face à plus de défis qu’un autre enfant, je le reconnais. Les rendez-vous, le Biphentin, le stress des bulletins, le plan d’intervention qui change au même rythme que les iPhone, tout ça peut avoir un impact sur Laurent et je le reconnais. Par contre, il ne fait pas pitié. De là à produire des gags « trashs » pour le démontrer, il y a une sacrée marge !
Aux yeux de Ward, il faut traiter tout le monde pareil. Donc, quelqu’un qui souffre du syndrome de Treacher Collins peut se faire traiter de laid, au nom du droit à « traiter tout le monde pareil ». C’est du moins ce que je comprends.
J’imagine que c’est sensiblement la même chose pour un autiste, n’est-ce pas ? Afin de l’inclure, il faut immédiatement taper sur ses « bizarreries », sur ce qui vient à l’encontre de la normalité ? Donc, pour le rendre normal, il faut souligner ce qui, aux yeux des « normaux », est hors-norme ? Ah bon. La société, elle, fait pourtant tout le contraire pour l’inclure. En effet, son autisme est automatiquement considéré comme un « obstacle » à son intégration. Pas mal pour une société « normale », dont Ward et plusieurs autres humoristes font partie intégrante…
Finalement, il y a « peut-être » quelque chose d’un peu positif dans tout cela : l’impact d’une « joke » peut probablement montrer à mon fils qu’il n’y a pas que des gentils dans la vie et qu’il doit être prêt à se défendre. Mais jusqu’à quel point ?
Laisser un commentaire