Dans le dossier de l’autisme ou de tout autre état, trouble, déficit, syndrôme, alouette qui chamboule des vies, on se demande ces jours-ci où sont les pères. Quelles sont leurs impressions ? Comment vivent-ils avec cette différence chez leur(s) enfant(s) ? Ont-ils des moments forts ou d’autres où ils ont peur de craquer ? Dernièrement, Julie Philippon, collègue blogueuse et amie, se posait la question sur Yoopa.
Quel hasard puisque moi-même, je préparais un texte sur la question ! Alors, avant que certains pères gesticulent et recommencent leur défense tout azimut de la paternité active contre les « pages de mamans devenues des défouloirs à pénis »-merci au groupe La ligue des cool dads pour cette belle métaphore-, je vais tenter d’apporter un élément de réponse.
Alors voilà : où sont les pères, ma chère Julie ? Elle et moi, on se connaît bien. Voilà pourquoi je l’appelle par son prénom. Réponse : je ne sais pas. Ils sont là, mais… je ne sais pas !
C’est plutôt confus dans ma tête. Récemment, j’ai amorcé un rapide décompte des blogues de l’Armada féminine. De TPL Moms à Mamanbooh!, en passant par Maman a un plan, La Parfaite maman cinglante, Maman caféine et Maman pour la vie POUR NE NOMMER QUE CEUX-LÀ. Ensuite, j’ai regardé vers l’escadrille masculin… « Escadrille » est un bien grand mot. En fait, je dirais plus « Club de kayak » !
Une femme sait se confier avec coeur, émotions et parfois une bonne dose de courage sur une pléthore de sujets. Elle sait aussi dénoncer les injustices avec son instinct de lionne. Tout le monde alors s’émeut et s’empresse de la consoler en lui écrivant des messages d’encouragement ou des commentaires positifs, en partageant en masse son super texte sur les réseaux sociaux, etc.
Un homme ? Dans un contexte d’Internet et de médias sociaux, c’est une autre histoire. Peu de papas étalent leurs émotions via des textes touchants sur le Web, en ce qui a trait à l’enfance avec besoins différents. Peu qui s’ouvrent sur leur quotidien, peu qui soulignent leurs réalisations de père, etc.
Déjà que s’ouvrir, ce n’est guère facile. Alors imaginez un instant étaler ses histoires sur le web !
Peut-être qu’après la partie de hockey ou lors d’une soirée entre amis, il y a des pères qui se confient. Ou peut-être dans la sacro-sainte « Man cave » entre deux parties de poker ? Deux gorgées de whisky ou de Porter Pit Caribou ? J’adore le Porter Pit Caribou. Je ne sais pas ! Je ne joue pas au hockey, je ne sors pas entre « boys » sauf pour prendre un café chez San Simeon et discuter littérature italienne du 13e siècle (véridique), je n’ai pas besoin de m’ouvrir une « man cave » dans le sous-sol pour me sentir un homme.
Autrement, ça se passe comment ? Je n’ai pas de réseau d’entraîde ni de groupe de blogueurs comme les femmes. Je fais un peu figure de loner avec mes histoires que j’écris sur ce blogue ou que j’expose à mon psy et à mon bon ami Claudio, celui avec qui je parle de littérature italienne du 13e siècle en prenant un espresso au San Simeon !
Je me sens « lone wolf » mais les papas sont là….
Ces gaillards avec le coeur gros comme ça et la volonté large de même -pas tous mais plusieurs- font des petites montées de lait sur les blogues féminins… Oh oui ! Pour réagir à un texte dans lequel leur contribution de père n’a pas été… reconnue à sa juste valeur, disons.
« C’est pas tous les gars qui sont de même ! » ou « nous aussi on vit certaines situations difficiles ! » et le reste. Ça vocifère un peu, ça tape du pied, ça se défoule. Parfois ça fait les trolls et le ton monte, mais de manière générale, ça reste à un simple commentaire. Mais je suis tout de même content qu’il y ait une prise de position, même si elle est maladroite. Il faut apprendre à canaliser, à développer.
Vrai que pendant des années, notre contribution paternelle a parfois été mise à mal, que ce soit dans des pubs ou des textes d’opinion. Vrai que nous faisons beaucoup d’efforts et que ce labeur mérite d’être souligné. En même temps, sachons respirer par le nez quelques minutes avant de se commettre et écrire des choses regrettables. Commencez par bloguer, tiens !
Je crois que ce blogue, ce Papautisme, est ma manière de respirer par le nez et d’expirer par la bouche. Il constitue la partie la plus importante de cette carapace que je me suis forgée. Ici, je mets cartes sur table ou tripes sur blogue. De nature renfermée avec tout le monde (je suis introverti avec un I majuscule), j’expose ici tous mes sentiments par rapport à l’autisme.
Dans le fond, j’écris parce que je ne trouve rien qui puisse me rassurer, me réconforter ou me divertir sur d’autres blogues de pères…
Je n’ai rien contre les Cool Dad, Ton Barbier ou Père de gosses, sauf que je n’y trouve jamais mon compte. Je ne m’identifie pas à ces plateformes qui véhiculent une image des pères et des hommes qui n’est pas la mienne.
Je préfère lire Un gars un père de Jean-Philippe Quessy ou Papa pis dada qui nous entraîne dans la réalité de l’homoparentalité. Nous ne vivons peut-être pas les mêmes situations par rapport à nos enfants, mais nous sommes ensemble dans le train des différences, avec tout ce que ça apporte. Et on sait rire aussi ! Un humour quelque peu « masculin », sans de débordements de clichés. Voir la vie avec une certaine dose d’humour nous aide à dédramatiser ce qui est dédramatisable.
Ça serait bien que l’on diversifie davantage « l’offre » des pères sur la blogosphère. Qu’en pensez-vous ? Allez, les papas d’enfants différents ! On se monte un réseau ! On a tant de choses à se raconter ! Et si vous aimez le Porter Pit Caribou, ce sera encore mieux !
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