Noël 2013 ou La fois où le bonheur a flyé par la porte d’en arrière…

Le monologue le plus puissant, le plus juste et le plus émouvant d’Yvon Deschamps est sans conteste celui sur le bonheur. J’ignorais que ce fameux bonheur pouvait me quitter soudainement, comme il l’a fait au sein de la famille Alaise dans cette histoire lourde de sens et toujours d’actualité, concoctée par Deschamps dans les années 60.

Chez moi, le bonheur a « flyé » par la porte d’en arrière en décembre 2013. Ma femme avait eu une pré-éclampsie et dut, pour survivre, accoucher d’urgence à l’Hôpital Sainte-Justine. C’était en novembre. À ce moment-là, le bonheur était prêt à nous accorder une chance. Après tout, la naissance d’un bébé, même grand prématuré, il faut quand même fêter ça. Non ? Oui ! Assurément !

Mais en décembre… Je suis complètement seul à Sainte-Justine avec ma femme, mon petit bout à qui l’on vient d’amputer quatre doigts…

Ah ! C’est pas grave ! Il y a les amis, hein ? « Venez nous voir, là ! On réveillonne dans un chalet dans le nord, là. Ça va vous changer les idées ! » nous avait dit l’une d’elle au téléphone. Bonne idée. C’était le chalet du beau-frère de notre amie. On était un peu trop triste pour lui, semble-t-il. On tuait un peu trop l’atmosphère égoïste de Noël, semble-t-il. Tout à coup, nous nous sommes retrouvés, ma femme et moi, seuls dans le salon, loin de toute la frénésie et du Père Noël qui venait d’arriver pour procéder à sa distribution de cadeaux.

J’ai vu le bonheur me faire un petit clin d’oeil baveux avant de « flyer » par la porte d’en arrière… En apportant un bout de tourtière et une bouteille de champagne. Et le beau-frère de l’amie qui applaudissait plus fort pour ignorer le plus possible notre présence… Déçu par cette attitude, j’ai décidé de partir plus tôt que prévu avec ma femme pour nous rendre à l’hôpital. Ce n’est vrai que le bonheur va faire son petit faraud avec nous !

Le plus beau réveillon, pourtant, nous attendait devant l’incubateur du « petit », malgré la tristesse, malgré le fait que nous avions été évincés, ma femme et moi, du club sélect des Noëls magique et parfaits. Cette nuit-là, j’ai défié le bonheur et il ne me l’a jamais vraiment pardonné.

Ainsi, chaque période des Fêtes, le bonheur jaloux m’envoie au gré de ses humeurs de lourds nuages noirs dans la tête. Ils prennent le temps qu’ils veulent pour traverser mon crâne de l’hémisphère gauche à l’hémisphère droit.

Voilà pourquoi une part de moi déteste Noël, me remémorant la souffrance et la peine vécues par cette naissance difficile de Fils. Une autre partie de moi travaille fort à garder vivante la magie pour Fils qui n’y est pour rien dans toute cette gué-guerre. Ainsi bonheur jaloux peut réaliser que son Noël parfait, dicté par les experts en marketing, la pub, la surconsommation, les enfants normaux et bien habillés qui performent bien à l’école et qui font la gloire de leurs parents qui se pensent bons à la messe de minuit avec ce péché d’orgueil qui alourdit davantage leur coeur de pierre, peut être contourné et ignoré.

C’est bien fait pour sa gueule !

 

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